Évaluation des risques pour la santé humaine des gaz d'échappement des moteurs diesel – sommaire

Santé Canada a complété l'Évaluation des risques pour la santé humaine des gaz d'échappement des moteurs diesel, une étude et une analyse exhaustives des effets nocifs potentiels sur la santé liés à l'utilisation de carburant diesel au Canada. Le rapport se concentre sur les émissions des moteurs diesel de véhicules routiers et hors route (à l'exclusion des applications ferroviaires et maritimes) et cible les répercussions découlant des expositions de l'ensemble de la population. L'évaluation comprend une étude des carburants, des moteurs et des émissions diesel, une étude de l'exposition aux gaz d'échappement des moteurs diesel (GED), une évaluation des effets pour la santé liés à l'exposition aux GED, ainsi qu'une analyse quantitative des effets pour la santé de la population liés à la contribution des GED aux concentrations des principaux contaminants atmosphériques au Canada. La présente évaluation ne considère pas les risques pour la santé du carburant diesel lui-même. Ce dernier est évalué dans la cadre du Plan de gestion des produits chimiques du Gouvernement du Canada et sera présenté dans un rapport distinct.

À l'échelle internationale, les effets potentiels sur la santé de l'exposition aux GED sont reconnus depuis longtemps et les efforts considérables déployés ont donné lieu à des réductions importantes des émissions de diesel, y compris au Canada. Un accomplissement clé a été l'introduction de règlements stricts en matière d'émissions pour les nouveaux véhicules et moteurs diesel, qui ont mené à des technologies améliorées de moteurs et mesures de contrôle des émissions dans les parcs de véhicules diesel routiers et non routiers. De plus, la qualité du carburant diesel utilisé s'est améliorée dans les moteurs routiers et non routiers, les moteurs des locomotives et des navires ainsi que les moteurs stationnaires, surtout en ce qui concerne la teneur en soufre. Certaines autorités ont entrepris d'autres initiatives en vue d'atténuer les émissions des moteurs diesel en service et l'exposition humaine à ces émissions, notamment des programmes d'inspection et d'entretien, des programmes de modernisation et de mise à la casse de véhicules, des restrictions en matière de marche au ralenti et l'établissement de zones à faibles émissions. Cependant, le parc de véhicules diesel en service au Canada est toujours dominé par des moteurs qui précèdent les dernières normes d'émissions.

Les véhicules diesel sont largement répandus sur les routes principales et dans les centres urbains au Canada. Il est raisonnable de supposer que la majorité de la population canadienne est régulièrement exposée aux GED. En raison de la nature complexe et variable des GED et du fait que les constituants des GED sont émis par d'autres sources de pollution, la quantification de l'exposition de l'ensemble de la population aux GED a été difficile. Plusieurs substituts ont été utilisés pour représenter les GED, ayant tous leurs contraintes. La fraction inhalable de carbone élémentaire est considérée comme l'une des meilleures options utilisées à ce jour.

L'évaluation des risques a tenu compte des évaluations et des conclusions présentées dans les évaluations des risques pour la santé humaine des GED de l'Agence de protection de l'environnement de la Californie (1998)Note de bas de page 1 et de l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis (2002)Note de bas de page 2 et elle a présenté un examen détaillé de la documentation relative aux effets sur la santé publiée depuis 2000. L'information disponible appuie la conclusion selon laquelle les émissions provenant de moteurs diesel ont des effets directs sur la santé humaine.

Les études de santé publiées récemment, renforcées par des données probantes tirées de travaux réalisés avant l'année 2000, fournissent suffisamment de données probantes pour conclure que les GED sont cancérogènes chez les humains et qu'ils sont précisément associés au développement du cancer du poumon. Bien que les estimations des risques soient généralement faibles, les risques pour la santé de la population sont considérés comme importants en raison de l'omniprésence des émissions de GED au Canada. Les données probantes sont aussi évocatrices de l'implication des GED dans le développement du cancer de la vessie chez les humains, mais des recherches supplémentaires sont requises pour permettre de tirer des conclusions définitives. Un nombre limité d'études a évalué d'autres cancers en association avec l'exposition aux GED, mais les données probantes sont inadéquates pour tirer des conclusions concernant la causalité. Globalement, ces conclusions sont cohérentes à la catégorisation des GED en tant qu'agent cancérogène pour l'humain (groupe 1) du Centre international de recherche sur le cancer.Note de bas de page 3,Note de bas de page 4

Concernant les effets non cancérogènes sur la santé et le rôle causal potentiel des GED dans leur développement, plusieurs conclusions découlent de la documentation existante. Les données probantes soutiennent un lien de causalité entre une exposition aiguë aux GED à des concentrations relativement élevées et des effets sur le système respiratoire, y compris des hausses de la résistance des voies respiratoires et de l'inflammation. Sous des conditions d'exposition chronique, l'exposition aux GED est probablement causale dans l'apparition d'effets respiratoires. Il a été conclu que l'exposition aux GED est probablement causale dans le développement d'effets cardiovasculaires nocifs à la suite d'une exposition aiguë et dans le développement de réactions immunologiques nocives. Les données probantes passées en revue sont évocatrices d'un lien de causalité entre les GED et 1) des effets cardiovasculaires nocifs à la suite d'une exposition chronique, 2) des effets nocifs sur la reproduction et le développement et 3) des effets sur le système nerveux central à la suite d'une exposition aiguë aux GED. Actuellement, les données probantes sont inadéquates pour tirer des conclusions à propos des effets neurologiques potentiels d'une exposition chronique aux GED.

Selon des méthodologies traditionnelles d'évaluation des risques et par rapport aux expositions de l'ensemble de la population, une valeur guide d'exposition à court terme de 10 µg/m³ et une valeur guide d'exposition chronique de 5 µg/m³ basées sur les particules de GED ont été calculées pour se protéger contre des effets nocifs sur le système respiratoire. Les données probantes disponibles indiquent que des effets respiratoires se produisent à des concentrations de GED inférieures à celles associées à d'autres effets nocifs non cancérogènes. Ainsi, il est présumé que ces valeurs guides assurent une protection contre les effets non cancérogènes sur la santé entraînés par l'exposition aux GED. Toutefois, il est noté qu'il n'y a pas eu d'études épidémiologiques à grande échelle adéquates sur les effets non cancérogènes associés à une exposition chronique ou à court terme aux GED pour caractériser les relations exposition-réponse de façon concluante. Davantage de recherches sont nécessaires pour élucider ces relations et pour évaluer le rôle potentiel des GED en ce qui a trait aux effets sur la santé, sans seuil d'exposition, liés aux particules fines (PM2,5).

En général, il a été démontré que les sous-populations sensibles, notamment les personnes âgées, les enfants et les sujets asthmatiques, peuvent être davantage exposées au risque d'effets respiratoires nocifs en raison d'une exposition aux GED. Il a été démontré que l'exposition des personnes âgées et des asthmatiques aux GED attribuables au trafic routier augmente l'inflammation respiratoire. De même, des réductions de la fonction pulmonaire ont été démontrées chez des asthmatiques exposés aux GED attribuables au trafic routier. De plus, l'exposition aux GED attribuable au trafic routier chez les enfants a été impliquée dans le développement potentiel de l'asthme plus tard dans la vie. Les valeurs guides pour l'exposition aux GED à court terme et chronique présentées ci-dessus tiennent compte de la sensibilité accrue de sous-groupes dans la population.

Globalement, il est conclu que les GED sont associés à des effets sur la santé de la population au Canada et que les efforts de réduction des émissions de GED et de l'exposition aux GED doivent toujours continuer.

Dans le cadre de la présente évaluation, des efforts ont été déployés pour quantifier les effets sur la santé de la population liés à la contribution des GED aux concentrations des principaux contaminants atmosphériques au Canada. L'analyse des effets sur la santé de la population a été menée de manière séquentielle en utilisant des outils de simulation informatique pour 1) estimer les émissions provenant du parc de véhicules diesel au Canada, 2) estimer l'incidence de ces émissions sur les concentrations ambiantes des principaux contaminants atmosphériques dans l'ensemble du pays et 3) estimer les effets sur la santé de la population découlant de la contribution spécifique des GED aux niveaux de pollution atmosphérique. Cette analyse a été entreprise pour l'année civile 2015 et les résultats ont été évalués à une échelle nationale, provinciale/territoriale et régionale. Elle est complémentaire à la méthode traditionnelle d'évaluation des risques présentée précédemment.

Les scénarios de qualité de l'air modélisés avec le modèle A Unified Regional Air Quality Modelling System (AURAMS) et l' Outil d'évaluation des bénéfices liés à la qualité de l'air (OEBQA) ont été sélectionnés en vue de donner une indication de la qualité de l'air et des effets potentiels sur la santé associés à l'utilisation du carburant diesel dans des applications sur route et hors route au Canada. Les applications du diesel sur route et hors route sont responsables de niveaux importants d'émissions de polluants. Par rapport à d'autres sources mobiles, les véhicules et moteurs diesel apportent une contribution importante aux émissions de dioxyde d'azote (NO2) et de PM2,5, tandis que les sources mobiles à essence contribuent à la majorité des émissions de monoxyde de carbone et de composés organiques volatils. Les émissions de sources de diesel sont notamment importantes dans les grands centres urbains, particulièrement dans la région métropolitaine de Vancouver, à Toronto et à Montréal, où réside une grande fraction de la population canadienne. Les émissions de diesel sont importantes également le long des circuits de camions et des routes reliant les villes principales (p. ex., le corridor Windsor-Québec), ainsi que dans les zones agricoles et minières (p. ex., en Alberta). Les caractéristiques du parc mobile et des secteurs économiques dominants dans une région particulière déterminent l'influence des émissions de diesel. La concentration des émissions de diesel dans des zones géographiques précises entraîne des répercussions distinctes sur la qualité de l'air à l'échelle du Canada.

Il est estimé que les émissions de diesel contribuent de façon importante aux concentrations ambiantes de NO2, de PM2,5 et d'O3. Les résultats de la modélisation de la qualité de l'air montrent que les émissions de diesel sur route contribuent de façon importante aux concentrations de polluants atmosphériques dans les zones urbaines et économiquement actives, ainsi que le long des grandes routes de transport. Les émissions de diesel hors route, qui sont réparties de manière plus étendue que les émissions de diesel sur route, influencent la qualité de l'air à la fois dans les zones rurales et dans les zones urbaines. La combinaison des émissions sur route et hors route entraîne des répercussions plus importantes sur la qualité de l'air dans les plus grands centres urbains au Canada, notamment dans la région métropolitaine de Vancouver, à Edmonton, à Calgary, à Winnipeg, à Toronto et à Montréal. Les émissions de diesel hors route ont également un impact relativement important dans les zones moins développées caractérisées par peu de sources d'émissions de polluants (p. ex., des collectivités minières éloignées).

D'après l'analyse actuelle des effets sur la santé, les émissions de diesel sur route et hors route entraînent des effets considérables et importants sur la santé de la population et des coûts pour la société au Canada en raison de la contribution des GED aux concentrations ambiantes des principaux contaminants atmosphériques. La modélisation entreprise estime que les émissions de diesel sur route sont associées à 320 mortalités prématurées pour 2015 (évaluées à 2,3 milliards de dollars) et que 65 % et 35 % de la mortalité estimée sont attribuables aux PM2,5 et au NO2, respectivement. Les émissions de diesel sur route et hors route sont associées à 710 mortalités prématurées (évaluées à 5,1 milliards de dollars) et 65 %, 32 % et 3 % de la mortalité estimée sont attribuables aux PM2,5, au NO2 et à l'O3, respectivement. À l'échelle du Canada, les émissions de diesel sont aussi associées à des nombres importants de jours de symptômes respiratoires aigus, de jours d'activité restreinte, de jours de symptômes d'asthme, d'hospitalisations, de visites à l'urgence, d'épisodes de bronchite aiguë chez les enfants et de cas de bronchite chronique chez les adultes. Les résultats issus des simulations de l'OEBQA pour l'évaluation actuelle indiquent que les émissions sur route et hors route ont chacune contribué de façon à peu près égale aux effets sur la santé. Les résultats indiquent aussi que les applications des moteurs diesel, tant sur route que hors route, ont des effets importants sur la santé dans les grands centres urbains au Canada. L'amplitude des effets sur la santé liés aux émissions de diesel est supérieure dans les provinces les plus peuplées, notamment en Colombie-Britannique, en Alberta, en Ontario et au Québec, ainsi que dans les divisons de recensement les plus peuplées, qui correspondent aux régions métropolitaines de Vancouver, Calgary, Winnipeg, Toronto et Montréal. C'est dans ces régions également que sont notés les impacts sur la qualité de l'air les plus substantiels. Globalement, il est conclu que les efforts de réduction des émissions de GED au Canada doivent toujours continuer, tout particulièrement dans les régions plus peuplées.

Pour obtenir une copie électronique de l'Évaluation des risques pour la santé humaine des gaz d'échappement des moteurs diesel, veuillez contacter hc.air.sc@canada.ca. Le rapport peut également être téléchargé.

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Pollution de l'air : qu'est-ce que les gaz d'échappement des moteurs diesel et à essence?

Notes de bas de page

Notes de bas de page

Note de bas de page 1

California Environmental Protection Agency (1998). Part B: Health risk assessment for diesel exhaust. Office of Environmental Health Hazard Assessment, Air Resources Board, California Environmental Protection Agency, Sacramento, CA.

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Note de bas de page 2

United States Environmental Protection Agency (2002). Health assessment document for diesel engine exhaust (final 2002). EPA/600/8-90/057F. National Center for Environmental Assessment, Office of Research and Development, US Environmental Protection Agency, Washington, DC.

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Note de bas de page 3

Benbrahim-Tallaa L; Baan RA; Grosse Y; Lauby-Secretan B; El Ghissassi F; Bouvard V; Guha N; Loomis D; Straif K; International Agency for Research on Cancer Monograph Working Group (2012). Carcinogenicity of diesel-engine and gasoline-engine exhausts and some nitroarenes. Lancet Oncol 13(7): 663-664.

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Note de bas de page 4

CIRC (2013). Diesel and gasoline engine exhausts and some nitroarenes. IARC Monographs on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, Vol. 105. Centre international de recherche sur le cancer, Lyon, France.

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