Virus Zika : Pour les professionnels de la santé

Avant le mois de mai 2023, les tests sérologiques étaient recommandés pour les personnes répondant aux critères de test, mais en dehors de la phase aiguë de la maladie. D’après les données recueillies depuis que le virus Zika s’est répandu, il est maintenant évident que les IgM peuvent persister pendant des périodes prolongées et que la réactivité croisée avec d’autres virus rend l’interprétation difficile. Par conséquent, les recommandations actualisées ne recommandent plus la sérologie.

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Ce que les professionnels de la santé doivent savoir sur le virus Zika

Le virus Zika est un virus neurotrope capable de pénétrer dans le système nerveux et de cibler les cellules progénitrices neurales. Le virus Zika se transmet principalement sous forme d’infection transmise par les moustiques; il peut aussi se transmettre sexuellement et par le sang, ainsi que par les produits tissulaires.

L’ARN du virus Zika a été trouvé dans le sérum, la salive, l’urine, le sperme et les sécrétions vaginales des personnes infectées. De tous ces liquides organiques, le sperme est celui dans lequel le virus subsiste le plus longtemps. L’isolement du virus Zika infectieux, par opposition à la détection de l’ARN, est le meilleur indicateur du risque de transmission. Une revue de la littérature actuelle publiée a révélé qu’après l’apparition des symptômes, la période la plus longue à laquelle le virus capable de se répliquer a été détecté dans le sperme par culture ou effet cytopathique était de 69 jours.

L’exposition au virus Zika durant le développement du fœtus augmente le risque d’effets graves sur la santé, comme le syndrome associé à l’infection congénitale à virus Zika. Pour cette raison, les voyageurs qui se rendent dans des pays ou des régions touchés par le virus Zika devraient attendre avant de tenter de concevoir un enfant :

  • Les personnes pouvant devenir enceintes devraient attendre 2 mois après le voyage ou après l’apparition de la maladie causée par le virus Zika (selon la période la plus longue) afin d’allouer une période suffisamment longue pour que toute trace possible du virus Zika soit éliminée de tous les liquides organiques.
  • Puisque le virus Zika a été trouvé dans le sperme de certaines personnes infectées pendant une période prolongée, le partenaire de toute personne tentant de concevoir un enfant devrait attendre trois mois après le voyage ou après l’apparition de la maladie causée par le virus Zika (selon la période la plus longue).

La recommandation de trois mois tient compte des données actuellement disponibles concernant la durée pendant laquelle le virus Zika infectieux peut être trouvé dans le sperme. Les voyageurs de retour dont la partenaire est enceinte devraient :

  • toujours utiliser un préservatif adéquatement ou;
  • éviter tout rapport sexuel pendant toute la durée de la grossesse.

Afin de prévenir toute transmission sexuelle potentielle, il est généralement recommandé à tous les voyageurs revenant d’une région ou d’un pays touché par le virus Zika de toujours utiliser des préservatifs adéquatement ou d’éviter tout rapport sexuel  :

  • Le partenaire des personnes pouvant devenir enceintes devrait prendre ces précautions pendant les trois mois suivant le voyage ou l’apparition de la maladie causée par le virus Zika (selon la période la plus longue);
  • Les personnes pouvant devenir enceintes devraient prendre ces précautions pendant les 2 mois suivant le voyage ou l’apparition de la maladie causée par le virus Zika (selon la période la plus longue).

Pour vous aider à conseiller vos patients qui planifient un voyage, vous pouvez :

Pour des détails supplémentaires, consulter les Recommandations sur la prévention et le traitement du virus Zika pour les professionnels de la santé au Canada du Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages (CCMTMV).

Agent causant la maladie

Le virus Zika est un flavivirus à ARN monocaténaire appartenant à la famille des Flaviviridae.

Il existe 2 lignées du virus Zika, soit :

  • la lignée asiatique
  • la lignée africaine

Les souches circulant dans les îles du Pacifique et les Amériques ont probablement évolué à partir d’une souche ancestrale commune en Asie du Sud-Est.

Le moustique Aedes aegypti est :

  • le principal vecteur du virus Zika;
  • en grande partie confiné aux régions tropicales et subtropicales, bien que des populations puissent exister en région tempérée dans des refuges isolés.

Le moustique Aedes albopictus a également été identifié comme un vecteur, bien que son rôle dans les éclosions de 2015-2016 soit incertain. Cette espèce est largement présente à l’extérieur des régions tropicales.

Au cours des dernières années, l’espèce Aedes albopictus a été observée à Windsor, en Ontario, à la suite d’une surveillance accrue. Un très petit nombre d’adultes et de larves d’Aedes aegypti ont également été détectés dans cette région. On ne sait pas si les populations de cette espèce ont pu hiverner à Windsor ou si elles ont été introduites de manière répétée par transports transfrontaliers entre le Canada et les États-Unis. Des études sont en cours pour définir le risque lié à l’introduction relativement récente des 2 espèces de moustiques dans cette partie de l’Ontario. Par ailleurs, un seul œuf d’Aedes aegypti a été détecté en 2017 dans le sud du Québec dans le cadre d’une étude de surveillance accrue visant à détecter des moustiques de ces espèces d’Aedes envahissantes. Tous les moustiques Aedes de la région de Windsor ont obtenu un résultat négatif au test de dépistage du virus Zika. L’œuf détecté lors de l’étude québécoise n’a pas été soumis à un test en raison de la petite taille de l’échantillon. Toutefois, il est à noter que les moustiques sont infectés par le virus Zika lorsqu’ils se nourrissent sur une personne déjà infectée par le virus et, très rarement, directement de moustiques femelles à leurs œufs.

À l’heure actuelle, les moustiques qui transmettent le virus Zika ne sont pas établis au Canada en raison du climat. Par conséquent, la transmission du virus par les moustiques est très peu probable au Canada.

Ces 2 espèces de moustiques transmettent également le virus de la dengue et le virus Chikungunya.

Le virus Zika est apparenté au même groupe taxonomique de virus (c.-à-d. les flavivirus) qui causent :

  • la dengue
  • l’infection par le virus du Nil occidental
  • l’encéphalite de Saint-Louis
  • l’encéphalite japonaise

Spectre de la maladie clinique

Les infections asymptomatiques sont courantes. On estime que seulement une personne infectée par le virus Zika sur 4 présentera des symptômes.

Les principaux symptômes associés à une infection à virus Zika comprennent :

  • douleur rétro-orbitaire
  • légère fièvre (de 37,8 à 38,5 °C)
  • symptômes généraux non spécifiques à la maladie, comme :
    • myalgie
    • asténie
    • céphalées
  • Arthrite ou arthralgie transitoire et possibilité d’œdème articulaire
  • surtout dans les petites articulations des mains et des pieds
  • éruption maculopapulaire qui s’étend souvent du visage au corps
  • hyperémie conjonctivale ou conjonctivite bilatérale non purulente

La période d’incubation varie de 3 à 14 jours. Les symptômes sont habituellement légers et durent de 2 à 7 jours. La plupart des personnes se rétablissent complètement sans complication grave et ne nécessitent que des soins de soutien simples. Les taux d’hospitalisation sont faibles.

Il est possible que l’infection passe inaperçue ou qu’elle soit confondue avec :

  • la dengue
  • le chikungunya
  • d’autres infections virales causant de la fièvre et une éruption cutanée

L’infection à virus Zika peut entraîner des syndromes et des complications neurologiques. Les conditions neurologiques associées à l’infection à virus Zika comprennent :

  • le syndrome congénital de Zika
  • le syndrome de Guillain-Barré (SGB)
  • et plus rarement :
    • la polyneuropathie démyélinisante inflammatoire chronique
    • la polynévrite transitoire aiguë
    • la méningo-encéphalite
    • la myélite
    • l’encéphalomyélite aiguë disséminée
    • l’encéphalopathie

Un petit nombre de décès associés à l’infection à virus Zika ont été signalés chez des enfants et des adultes présentant des comorbidités et un système immunitaire affaibli.

Syndrome congénital de Zika

Le syndrome congénital de Zika est un ensemble distinct d’anomalies structurelles et fonctionnelles qui se développent à la suite d’une infection congénitale par le virus Zika et qui se caractérisent par les 5 troubles suivants :

  • une microcéphalie, avec crâne partiellement affaissé
  • un développement anormal du cerveau, notamment :
    • l’atrophie cérébrale
    • l’hypoplasie du corps calleux
    • la calcification sous-corticale diffuse
    • un cortex cérébral mince et un développement cortical anormal
  • une hypertonie précoce marquée et des symptômes d’atteinte extrapyramidale, comme :
    • des convulsions
    • une spasticité
    • de l’irritabilité
  • un pied bot et une arthrogrypose
  • une atrophie choriorétinienne, une marbrure pigmentaire focale et d’autres anomalies oculaires

Les bébés nés avec une infection congénitale par le virus Zika ne présentent pas nécessairement tous ces problèmes. Les nourrissons ayant un périmètre crânien normal à la naissance peuvent aussi présenter des anomalies cérébrales compatibles avec le syndrome congénital de Zika. Certaines personnes qui n’ont pas la microcéphalie à la naissance peuvent plus tard connaître un ralentissement de la croissance de la tête et développer une microcéphalie postnatale. L’éventail complet d’issues défavorables causées par l’infection par le virus Zika pendant la grossesse reste inconnu.

Des anomalies congénitales ont été signalées dans des proportions semblables chez les fœtus et les nourrissons dont la mère avait ou non signalé des symptômes pendant la grossesse. Des anomalies ont été signalées à chacun des trimestres, mais la probabilité était plus élevée si la mère avait été infectée pendant le premier trimestre.

Des résultats tirés du Zika Pregnancy and Infant Registry (registre des infections à virus Zika durant la grossesse et chez les nourrissons), qui couvre les États-Unis et les territoires des États-Unis, ont révélé qu’environ 1 fœtus ou nourrisson sur 20 dont la mère avait contracté une infection par le virus Zika durant sa grossesse présentait des anomalies congénitales.

Lorsque l’analyse était limitée aux cas confirmés d’infection à virus Zika durant le premier trimestre, environ 1 fœtus ou nourrisson sur 10 présentait une anomalie congénitale possiblement associée au virus Zika.

Une étude (fondée sur des données du Zika Pregnancy and Infant Registry des États-Unis) publiée en août 2018 a révélé que sur 1 450 enfants d’un an ou plus ayant reçu des soins de suivi :

  • 6 % avaient au moins une anomalie congénitale associée au Zika
  • 9 % présentaient au moins une anomalie neurodéveloppementale pouvant être associée à une infection congénitale par le virus Zika
  • 1 % avaient les 2.

Comme ces données sont fondées sur les enfants qui ont reçu des soins de suivi (définis comme des soins cliniques à l’âge de plus de 14 jours et recensés dans le registre), les proportions déclarées pourraient ne pas être représentatives de l’ensemble de la cohorte d’enfants nés de mères ayant des résultats de laboratoire révélant une infection confirmée ou possible par le virus Zika pendant leur grossesse. Cependant, ce rapport souligne la nécessité d’un suivi et d’une évaluation continus des enfants nés de mères présentant des signes d’infection par le virus Zika pendant la grossesse afin de faciliter la détection précoce des incapacités possibles et l’aiguillage rapide vers des services de soutien et d’intervention.

Les bébés atteints du syndrome congénital de Zika éprouvent souvent d’importants problèmes de développement, notamment de la difficulté à dormir, à se nourrir, à communiquer et à contrôler leurs mouvements musculaires. Ils ont aussi souvent des crises convulsives et des problèmes d’audition et de vision. Il est important de noter que les bébés infectés par le virus Zika peuvent avoir besoin de soins spécialisés au cours de leur vie.

Les données sur la mortalité associée au syndrome congénital de Zika ne sont pas encore largement accessibles, mais certaines études ont montré une augmentation des taux de mortalité aux stades fœtal et périnatal.

Syndrome de Guillain-Barré

L’association entre le syndrome de Guillain-Barré (SGB) et l’infection par le virus Zika a été établie pour la première fois dans une étude cas-témoin en Polynésie française. Des études portant sur l’éclosion de 2013-2014 en Polynésie française ont estimé qu’environ 1 personne sur 4 000 ayant contracté une infection par le virus Zika a développé un SGB comme complication consécutive à l’infection. Plus de 20 pays ont signalé une association temporelle entre les symptômes cliniques de l’infection par le virus Zika et l’apparition du SGB. De plus, une corrélation a été notée entre la baisse de l’incidence du Zika et la diminution des taux de SGB.

Plusieurs autres infections peuvent déclencher le SGB (p. ex. l’infection à Campylobacter jejuni, l’infection à cytomégalovirus et l’hépatite E). Dans une étude comparant des patients hospitalisés avec et sans SGB, les auteurs ont constaté que les risques d’avoir contracté une infection récente par le virus Zika étaient plus de 30 fois plus élevés chez les patients atteints d’un SGB. Les auteurs ont effectué des tests de dépistage d’autres infections pouvant déclencher un SGB pour constater une réactivité des anticorps dirigés contre le virus de la dengue chez bon nombre des patients. Ces résultats ont été rapportés par l’OMS dans le cadre d’une revue systématique de la littérature scientifique et ont amené celle-ci à conclure en 2016 que « l’explication la plus probable des preuves disponibles à la suite d’éclosion d’infections à virus Zika et du syndrome de Guillain-Barré est que l’infection à virus Zika est un déclencheur du SGB » [traduction].

Dépistage

La décision de proposer le dépistage du virus Zika aux adultes est décrite dans l'arbre décisionnel pour le dépistage en laboratoire du virus Zika.

La décision de procéder au dépistage devrait tenir compte de ce qui suit :

  • antécédents de voyage
  • population à risque
  • présence de symptômes compatibles avec l'infection par le virus Zika
  • expositions potentielles non liées aux voyages (par exemple, transmission sexuelle)

L'investigation d'une éventuelle infection par le virus Zika chez les patients pédiatriques, en particulier chez les nourrissons nés de mères ayant contracté le virus pendant la grossesse, peut donner lieu à des tests supplémentaires hors laboratoire.

Arbre décisionnel pour le dépistage en laboratoire du virus Zika

Figure 1. Mâle ou personne non enceinte
Figure 1. La version textuelle suit.
Figure 1 - Description textuelle

Cette image est un arbre décisionnel destiné à aider les professionnels de la santé à prendre des décisions concernant le dépistage en laboratoire du virus Zika

1. La première question concerne la population à risque : la personne est-il un mâle/une personne non enceinte ou une personne enceinte?

Mâle ou personne non enceinte

Si la personne est un mâle ou une personne non enceinte :

2. La personne a-t-elle des antécédents de voyage ou un partenaire sexuel ayant des antécédents de voyage dans un lieu ayant signalé une transmission locale du virus Zika par les moustiques?

Si la réponse est « non », il n'est pas recommandé de procéder au dépistage de l'infection par le virus Zika. Une infection par le virus Zika est peu probable en l'absence d'antécédents de voyage ou d'exposition.

3. Si la réponse est « oui » pour les antécédents de voyage du mâle ou de la personne non enceinte, choisir parmi les 3 options ci-dessous :

  1. « La personne présente des symptômes aigus compatibles avec une infection par le virus Zika. »
  2. « La personne a des antécédents de symptômes compatibles avec une infection par le virus Zika, mais ceux-ci se sont résorbés. »
  3. « La personne n’a jamais eu de symptômes compatibles avec une infection par le virus Zika. »

Si la réponse est « oui » pour les antécédents de voyage du mâle ou de la personne non enceinte et si :

3.A la personne présente des symptômes aigus compatibles avec une infection par le virus Zika, le test PCR est recommandé, mais le test sérologique n'est pas recommandé.

Si la réponse est « oui » pour les antécédents de voyage du mâle ou de la personne non enceinte et si :

3.B la personne a déjà eu des symptômes compatibles avec une infection par le virus Zika, mais que ces symptômes se sont résorbés, le dépistage n’est pas recommandé.

Si la réponse est « oui » pour les antécédents de voyage du mâle ou de la personne non enceinte et si :

3.C la personne n’a présenté aucun symptôme compatible avec une infection par le virus Zika, le dépistage n’est pas recommandé.

Arbre décisionnel pour le dépistage en laboratoire du virus Zika

Figure 2. Personne enceinte
Figure 2. La version textuelle suit.
Figure 2 - Description textuelle

Personne enceinte

Si la personne est enceinte :

1. La personne a-t-elle des antécédents de voyage ou un partenaire sexuel ayant des antécédents de voyage dans un lieu ayant signalé une transmission locale du virus Zika par les moustiques?

Si la réponse est « non », il n'est pas recommandé de procéder au dépistage de l'infection par le virus Zika. Une infection par le virus Zika est peu probable en l'absence d'antécédents de voyage ou d'exposition.

2. Si la réponse est « oui » pour les antécédents de voyage de la personne enceinte ou du partenaire sexuel dans un lieu ayant signalé une transmission locale du virus Zika par les moustiques, choisir parmi les 3 options ci-dessous :

  1. « La personne présente des symptômes aigus compatibles avec une infection par le virus Zika. »
  2. « La personne a des antécédents de symptômes compatibles avec une infection par le virus Zika, mais ceux-ci se sont résorbés. »
  3. « La personne n’a jamais eu de symptômes compatibles avec une infection par le virus Zika. »

Si la réponse est « oui » pour les antécédents de voyage de la personne enceinte ou du partenaire sexuel dans un lieu ayant signalé une transmission locale du virus Zika par les moustiques et si :

2.A la personne présente des symptômes aigus compatibles avec une infection par le virus Zika, le test PCR est recommandé jusqu’à 12 semaines après l’apparition des symptômes, mais le test sérologique n'est pas recommandé.

Si la personne est enceinte et que la réponse est « oui » pour ses antécédents de voyage ou ceux du partenaire sexuel dans un lieu ayant signalé une transmission locale du virus Zika par les moustiques et si :

2.B la personne a déjà eu des symptômes compatibles avec une infection par le virus Zika, mais que ces symptômes se sont résorbés, le test par PCR est recommandé jusqu’à 12 semaines après l’apparition des symptômes, mais le test sérologique n'est pas recommandé.

Si la personne est enceinte et que la réponse est « oui » pour ses antécédents de voyage ou ceux du partenaire sexuel dans un lieu ayant signalé une transmission locale du virus Zika par les moustiques et si :

2.C la personne n’a présenté aucun symptôme compatible avec une infection par le virus Zika, le test par PCR doit être envisagé jusqu’à 12 semaines après l’exposition potentielle, mais le test sérologique n’est pas recommandé.

L'absence de symptômes ne permet pas de prédire le risque de syndrome congénital de Zika. En raison de la complexité de l'interprétation et de la chronologie de la grossesse, une consultation rapide auprès d'un spécialiste des maladies infectieuses doit être envisagée avant le dépistage.

Diagnostic

En général, le diagnostic en laboratoire est réalisé en analysant le sérum ou le plasma pour déceler l'un ou l'autre des éléments ci-dessous :

  • matériel génétique viral (acide ribonucléique, ARN)
  • anticorps spécifiques dirigés contre le virus produits par l'organisme

Il existe 2 méthodes d'analyse permettant de déceler les infections par le virus Zika, soit le test d'amplification en chaîne par la polymérase (PCR) et le test sérologique; le test sérologique n’est toutefois pas recommandé pour le virus Zika.

Test d'amplification en chaîne par la polymérase

Ce test permet de détecter directement le matériel génétique du virus Zika. Un résultat positif confirme que le patient est infecté par le virus Zika.

L’analyse par PCR est la plus efficace si elle est effectuée sur des échantillons cliniques comme :

  • du sang prélevé dans les 10 jours suivant l'apparition des symptômes;
  • de l'urine prélevée dans les 14 jours suivant l'apparition des symptômes.

La principale limite de ce test est que le virus Zika peut seulement être présent dans ces types d'échantillons pendant une courte période après le début de l'infection ou l'apparition des symptômes.

Un test PCR positif pour le virus Zika signifie la présence d'une infection aiguë.

Un test PCR négatif pour le virus Zika peut signifier :

  • qu'il n'y a pas d'infection
  • que la personne a été infectée, mais le virus n'était plus présent lorsque l'échantillon a été prélevé.

Test sérologique

Avant le mois de mai 2023, les tests sérologiques étaient recommandés pour les personnes répondant aux critères du test, mais en dehors de la phase aiguë de la maladie. D'après les données recueillies depuis que le virus Zika s'est répandu, il est devenu évident que les IgM peuvent persister pendant des périodes prolongées et que la réactivité croisée avec d'autres virus rend l'interprétation difficile. Par conséquent, les recommandations actualisées ne recommandent plus les tests sérologiques.

Plutôt que de détecter la présence des composantes du virus, ce test permet de détecter la présence d'anticorps dirigés contre le virus Zika. Les anticorps peuvent être détectés environ une semaine après l'apparition des symptômes.

Les principales limites de la sérologie sont les suivantes :

  • elle peut nécessiter plusieurs jours ou semaines pour être réalisée et donner des résultats;
  • elle est susceptible de présenter des réactions croisées avec des anticorps dirigés contre des flavivirus similaires au virus Zika, y compris le virus de la dengue.

En raison de la réactivité croisée avec le virus de la dengue et du potentiel de persistance des anticorps IgM, les tests sérologiques ne sont pas recommandés pour le virus Zika.

Un résultat sérologique positif initial peut signifier :

  • une infection aiguë ou une exposition antérieure au virus Zika;
  • une infection aiguë ou une exposition antérieure à un autre flavivirus;
  • une vaccination antérieure contre d'autres virus, comme celui de la fièvre jaune.

Pour déceler et confirmer la présence d'anticorps spécifiques dirigés contre le virus Zika dans des échantillons de sérum, il est nécessaire de procéder à d'autres tests et, dans certains cas, de prélever des échantillons supplémentaires. Cela est attribuable à la possible réactivité croisée des tests sérologiques avec des anticorps dirigés contre d'autres flavivirus similaires, comme le virus de la dengue.

Un résultat négatif à un test sérologique pour le virus Zika peut indiquer :

  • que les anticorps n’ont pas encore été produits;
  • qu'il n'y avait pas d'infection, ce qui pourrait justifier le prélèvement d'échantillons supplémentaires.

Un résultat négatif à un test sérologique effectué de 1 à 2 mois après le retour de voyage peut indiquer l'absence d'infection, car les anticorps sont produits généralement dans les 4 semaines suivant l'exposition.

Traitement

À l'heure actuelle, il n'existe ni prophylaxie, ni vaccin, ni traitement contre l'infection à virus Zika. Toutefois, un traitement peut être prescrit pour soulager les symptômes comme :

  • prendre du repos
  • boire des liquides
  • prendre des analgésiques
    • éviter la prise d'acide acétylsalicylique (AAS) et de tout autre anti-inflammatoire non stéroïdien jusqu'à ce que la possibilité d'une infection au virus de la dengue ait été écartée
  • prendre des antipyrétiques

Surveillance au Canada

Depuis l'apparition du virus Zika en Amérique en 2015, l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) exerce une surveillance afin d'orienter les mesures de santé publique. Les éclosions qui se sont produites en 2016 ont régressé, et l'incidence du Zika au Canada a chuté de manière significative. L'ASPC se concentre désormais sur la surveillance des indicateurs montrant que le risque pour les Canadiens de contracter une infection par le virus Zika a changé (par exemple, en raison d'une nouvelle éclosion ou de nouveaux résultats de recherche) et ne met donc plus à jour le nombre de cas canadiens. Les professionnels de la santé au Canada jouent un rôle essentiel dans l'identification des cas d'infection par le virus Zika. Les professionnels de la santé qui ont des questions doivent contacter leurs autorités locales de santé publique pour plus de détails.

Le Laboratoire national de microbiologie effectue des tests permettant de détecter le virus et la présence d’anticorps viraux en plus d'aider les provinces et les territoires à la réalisation des tests. Certains laboratoires provinciaux offrent également ces tests.

Cas d'infection par le virus Zika au Canada

Le 31 août 2018, 569 cas liés à des voyages et 4 cas de transmission sexuelle ont été signalés au Canada depuis que les cas ont commencé à être recensés en octobre 2015. Les cas de transmission sexuelle ont été décelés chez des personnes sans antécédents de voyage dans une région touchée au cours des 2 semaines précédant l'apparition des symptômes. Au total, 45 cas ont été signalés chez des personnes enceintes au Canada, et moins de 5 cas de syndrome congénital de Zika ont été signalés au cours de cette période. Le nombre de cas signalés a atteint un sommet au cours de l’éclosion de 2016. En date du 31 août 2018, 19 cas au total ont été signalés en 2015, 468 en 2016, 74 en 2017, et 14 en 2018.

Puisque les résultats liés aux grossesses (y compris les naissances, les mortinaissances, les grossesses improductives et les interruptions de grossesse) ne sont pas signalés aux autorités de santé publique, les résultats de grossesse des personnes infectées par le virus Zika ne sont généralement pas connus. Les activités de surveillance sont axées sur la détection du nombre de cas de syndrome congénital de Zika (ceux qui présentent des anomalies observables liées au virus Zika).

Le risque de transmission du virus Zika par les moustiques demeure faible pour les Canadiens qui se rendent dans des régions ou des pays où l'on signale des cas de transmission du virus Zika par les moustiques. Toutefois, le nombre de cas observés a connu un déclin dans la plupart des pays des Caraïbes et des pays d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud en 2017 et 2018 et, par la suite, au Canada.

Comment surveille-t-on le virus Zika au Canada

Le Laboratoire national de microbiologie est en mesure de détecter le virus et offre aux provinces et aux territoires un soutien à la réalisation du dépistage. Certains laboratoires provinciaux procèdent également au dépistage.

Dans le cadre de leurs programmes de surveillance du virus du Nil occidental, plusieurs provinces et territoires mènent des activités de surveillance des moustiques.

Le virus Zika dans le monde

Le virus a été identifié pour la première fois chez l'humain dans les années 50. De 1951 à 1981, des cas d'infection humaine par le virus Zika ont été signalés dans des pays africains et dans certaines parties de l'Asie.

En 2007, la première grande éclosion du virus Zika s'est produite en Micronésie (île de Yap), dans le sud-ouest de l'Océan Pacifique. C'était la première fois que le virus Zika était détecté en dehors de l'Afrique et de l'Asie.

Entre 2013 et 2015, plusieurs éclosions importantes ont été observées dans des îles et des archipels de la région Pacifique, notamment une importante éclosion en Polynésie française.

Au début de 2015, le virus Zika est apparu en Amérique du Sud, et de vastes éclosions ont été signalées au Brésil et en Colombie. Les éclosions associées à l'émergence de la maladie dans les Amériques ont culminé dans les Caraïbes, en Amérique centrale et en Amérique du Sud en 2016.

L'Organisation mondiale de la Santé surveille les cas de Zika signalés dans le monde entier. À ce jour, un certain nombre de pays, territoires et régions ont signalé des cas de syndrome congénital de Zika ou de malformations du système nerveux central associés à l'infection par le virus Zika. La surveillance des personnes enceintes vivant dans d'autres pays où surviennent des éclosions du virus Zika se poursuit.

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